Alors que la baisse de la natalité dans les pays occidentaux s’accélère depuis la pandémie de Covid-19 et que le grand projet de « réarmement démographique » d’Emmanuel Macron fait grand bruit, nous, on se pose une question. La « faute » à qui si on fait moins de bébés ? Bien que le mot « faute » soit ici totalement inapproprié car, bon sang, remettons les choses au clair : les femmes sont quand même libres de disposer de leur utérus, et de choisir de faire l’amour mais pas la guerre ! Cependant, comme la nature humaine a toujours besoin d’explications ou, encore mieux, d’un coupable, nous on se demande si tout cela ne serait pas un peu de la faute au…réchauffement climatique. Forcément.

 

Trop chaud pour la libido

Commençons déjà par la base, en parlant thermique, quitte à déboulonner quelques idées reçues et fantasmes au passage. Farniente, douces soirées, esprit léger et soucis envolés…oui, la période estivale est bien souvent le moment de toutes les folies. Mais figurez-vous qu’en été, surtout quand il fait très chaud, on n’est finalement pas si caliente que cela…en tout cas moins qu’en automne, saison durant laquelle les températures chutent de manière inversement proportionnelle à la libido et au niveau de testostérone qui atteignent des records. Le fameux effet cocooning en jogging, vous connaissez ? Quant à la canicule, selon l’Institut national d’études démographiques (Ined), elle a carrément un côté « tue l’amour » avec pour preuve un déficit de 5 à 6 %[1] du nombre de naissances recensées en France neuf mois après chaque épisode caniculaire. Il semblerait donc que quand il fait trop chaud, on n’ait pas très envie de réarmer.

 

L’éco-anxiété, la nouvelle contraception

Faire un enfant nécessite par ailleurs forcément de se projeter dans l’avenir (au-delà de la première année de nuits sans sommeil, on entend). Et justement, l’avenir de la planète et le réchauffement climatique ça n’aide pas à garder son sang-froid. Alors, on est d’accord, il y a plein de raisons pour lesquelles on peut ne pas souhaiter devenir parent. À commencer tout simplement parce que…l’on n’a pas envie. Mais est-ce que le changement climatique – et l’éco-anxiété qu’il génère auprès d’une grande majorité de jeunes adultes[2] -n’y serait pas un peu pour quelque chose dans le manque d’engouement des non moins vaillants soldats– les dénommés Millennials et Gen Z- à réarmer ?

 

Refuser de faire un enfant : geste écolo ultime ?

Selon une enquête de l’University Collège London[3], le lien entre changement climatique et reproduction est clairement établi. Bingo ! Les personnes les plus préoccupées par le changement climatique confient désirer moins d’enfants, voire pas du tout, à l’image de la nouvelle brigade des objecteurs de conscience : les GINK (Green Inclination No Kid). Des supers engagés qui sont convaincus que la surpopulation de la planète a un effet considérable sur le réchauffement climatique et qui se refusent de contribuer à l’épuisement des ressources naturelles en donnant naissance à un consommateur de plus.

 

Quand le réchauffement climatique rend stérile les animaux

Au-delà de l’infécondité choisie, qu’en est-il de celle subie. Le dérèglement climatique aurait-il une influence sur la fertilité ? Si certains chercheurs assurent déjà qu’une exposition trop importante des testicules humains à des températures élevées réduit la quantité de sperme et donc la fertilité, il n’existe à ce jour pas de consensus scientifique clair sur le sujet. En revanche, pour les animaux, oui. Cochons, autruches, poissons, abeilles, mouches…leur capacité à procréer décline en même temps que les températures augmentent. Selon une équipe de chercheurs de l’Université de Liverpool[4],  les infertilités thermiques constituent une menace majeure pour la biodiversité en cas d’évolution climatique avec la moitié des espèces qui pourraient être touchées.

 

Le réarmement écologique, cest maintenant !

Alors, verdict – le réchauffement climatique a-t-il, en partie, un rôle à jouer dans la baisse de la natalité ? On vous laisse vous faire votre avis mais, une chose est certaine, il tue beaucoup de vie sur cette planète. Et ça, c’est vraiment un combat plus qu’urgent. À quand le « réarmement écologique » ?

 

 

[1] Selon une étude publiée en 2010, d’Arnaud Régnier-Loilier, démographe à l’INED (Institut national d’études démographiques), intitulée « Evolution de la saisonnalité des naissances en France de 1975 à nos jours».

[2] Selon une étude publiée dans The Lancet, sur 10 000 sujets de dix pays âgés de 16 à 25 ans, 59% indiquent être “très” ou “extrêmement” inquiets par les effets du changement climatique. https://obveco.com/2022/09/16/25-millions-de-francais-souffrent-eco-anxiete.

[3] Dillarstone H, Brown LJ, Flores EC (2023), Climate change, mental health, and reproductive decision-making: A systematic review. PLOS Climate. https://doi.org/10.1371/journal.pclm.0000236

[4] The Impact of Climate Change on Fertility, Janvier 2019. https://doi.org/10.1016/j.tree.2018.12.002

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