Alors que l’heure des barbecues approche, nous sommes de plus en plus nombreux à nous poser cette question existentielle : côte de bœuf ou pois chiches grillés…Ici, on ne va pas choisir pour vous ni clore l’éternel débat entre « viandards » et « mangeurs de graines », mais nous allons tout de même tenter de démêler le vrai du faux quant à cette question que beaucoup se posent : peut-on rester en pleine santé si on élimine la viande de notre assiette ?
Le végétarisme a la côte
Le rapport des individus à l’alimentation évolue. Régime végétarien, végan, pescétarien, flexitarien…de plus en plus de personnes à travers le monde réduisent ou stoppent carrément leur consommation de la sacrosainte viande, longtemps perçue comme un indicateur de bien-être, un privilège et un élément indispensable à notre équilibre nutritionnel. Vraiment indispensable ?
La santé avant tout
Impossible de nier que les nutriments présents dans la viande jouent un rôle important dans une alimentation équilibrée. Les fameuses protéines bien sûr, essentielles, entre autres, à la croissance des os et muscles, et la réparation des tissus. Mais aussi la vitamine B, notamment B12, qui joue un rôle central pour le transport de l’oxygène dans le sang, l’immunité et le système nerveux, ou encore les oligo-élements tels le fer, le zinc et le sélenium. Peut-on se passer de toutes ces bonnes choses pour notre corps ? Non, surtout pas ! Mais il est possible de les trouver ailleurs que dans la viande en planifiant soigneusement son alimentation.
Devenir un végétarien sans carences
Devenir végétarien ne se fait pas sur un coup de tête et il s’agit de respecter trois règles d’or.
Régle 1 : La rigueur
Il est indispensable de se renseigner, non seulement sur les aliments à privilégier, mais aussi sur comment les associer. La complémentarité est la clé pour atteindre un équilibre satisfaisant. Bref, un Poke Bowl Veggie VRAIMENT bon pour votre santé, cela ne s’improvise pas avec les restes dans le frigo et ce n’est pas juste pour les jolies couleurs qu’il mélange riz, lentilles, noix de cajou, mangue et choux frisé, le tout arrosé de cette délicieuse petite sauce à l’huile de sésame…
Règle 2 : Le tempo
Il est important de réduire la viande progressivement afin ne pas choquer votre métabolisme et votre microbiote qui est en train d’entamer une petite révolution.
Règle 3 : Le cas par cas
N’oubliez pas de prendre en considération votre période de vie (âge, grossesse, etc.) et votre état de santé personnel.
Pas de viande, pas de problème
Donc vous l’aurez compris, et même le Vidal le dit : ne pas manger de viande, « ne poserait pas de problème, sous réserve de remplacer les nutriments soit par des équivalents d’origine végétale, soit par une supplémentation ou une complémentation des aliments. »
Pour certains, ceci se révèle même gage d’efficacité maximale, à l’instar de ces grands sportifs qui ont opté pour divers régimes « sans » et qui font magnifiquement bien avec : les sœurs Williams, Novak Djokowic, la marathonienne Fiona Oakes, Carl Lewis et même le champion d’haltérophilie Patrik Baboumian, pour n’en citer que quelques-uns.
Faut-il craindre le « trop peu » ou le « beaucoup trop » ?
Ce qui nous donne finalement envie de nous poser une autre question. Est-ce qu’un régime omnivore pourrait finalement être mauvais pour notre santé ? Non ! Mais, comme pour beaucoup de choses, le problème c’est l’excès. Il est démontré que manger trop de viande – notamment rouge ou de mauvaise qualité – augmente le risque d’affections cardiovasculaires, de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, de diabète ainsi que de certains cancers. Et en l’occurrence, il semblerait que nous soyons justement un peu excessifs en la matière puisqu’un tiers des Français consommerait trop de viande rouge et deux tiers, trop de charcuterie…
L’impact de la consommation de viande sur l’environnement
Mais élargissons nos horizons au-delà de notre petit corps…Car notre goût pour la viande a aussi évidemment un impact considérable sur la planète. L’élevage occupe plus de 40% de toutes les surfaces habitables sur Terre et serait à l’origine de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En cause, notamment le méthane produit par les ruminants lorsqu’ils éructent (et non lorsqu’ils flatulent – il est grand temps de rétablir quelques vérités…). Produire un kilogramme de protéines de bœuf génère autant d’émissions que cinq aller-retours de Londres à Rome3 et 27 fois plus que pour l’équivalent en protéines végétales.
Selon une étude du Réseau Action Climat et de la Société française de nutrition publiée en février 2024, réduire de moitié la consommation de viande en France permettrait d’atteindre les objectifs climatiques fixés pour le pays. Omnivores en mal d’impact …voilà un geste individuel qui pourrait vraiment faire la différence pour l’avenir de notre planète !
Vous êtes radins ? Devenez végétarien.
Pour finir, il est d’autres carences qu’il est toujours bon d’éviter…celles sur notre compte bancaire. On accuse souvent les régimes végétariens d’être plus coûteux qu’une alimentation carnée. Faux ! Une récente étude menée par l’Université d’Oxford démontre que le passage à des régimes sans viande peut contribuer jusqu’à une réduction d’un tiers du budget alimentaire.
Pas mauvais pour la santé, bon pour la planète et le porte-monnaie…finalement, c’est plutôt sympa les pois chiches grillés au barbecue…
1 Etude ESTEBAN 2014-2016 (étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) – Santé publique France l
2 Poore et Nemecek, 2018; Half of the world’s habitable land is used for agriculture | Future of Food (ox.ac.uk)
3 Pour tomber à 450 grammes maximum par semaine.
4 The global and regional costs of healthy and sustainable dietary patterns: a modelling study, Published:October 26, 2021DOI:https://doi.org/10.1016/S2542-5196(21)00251-5